Jacques Coulais à l’honneur grâce à Marios Fournaris et Ali Kazma

L’exposition ΜΟΝΟΣ (Seul) de Marios Fournaris est sa première exposition personnelle en Suisse. Mais le concept de Fournaris c’est : « seul, certes, mais ensemble. » Et Marios Fournaris décide d’inviter sept artistes à participer à son exposition, dont Ali Kazma. Pour montrer notamment que l’art permet de surpasser certaines tensions entre les nations, en l’occurrence la Grèce et la Turquie. Mais aussi et surtout, parce qu’il admire le travail d’Ali Kazma. Dans la même veine de générosité, Ali Kazma décide de montrer un filme où il met à l’honneur un autre artiste : Painter. Un film d’artiste sur un artiste, sur le corps et sa capacité de résistance, des notions chères à Ali Kazma et incarnées par Jacques Coulais.

Painter, © Ali Kazma. Courtesy video de l’exposition : Ji Sun Lee. 
Video stills, exposition ΜΟΝΟΣ, à la galerie Analix Forever, jusqu’aux 18 août.

Pour une visite complète de l’exposition, cliquer ici.

30 ans et une exposition

Pour les 30 ans d’Analix Forever, la galerie expose de nombreux artistes qui ont travaillé avec Barbara Polla au fil des ans. Jacques en fait partie bien sûr, lui qui disait : « Qui, qui comme moi a la chance de peindre pendant trente ans ? » Ses « dessins bleus » qu’il avait peints pour Barbara avec les roues de la « Chaise des Utopies » quelques semaines avant son décès, y figurent en beauté. On les retrouvera aussi cet automne à la Foire Galeristes, où Analix Forever fêtera encore son anniversaire… Save the date !

« JACQUES COULAIS OU LA CHAISE DES UTOPIES »

La rencontre entre Jacques Coulais, artiste français tétraplégique décédé en 2011, et Barbara Polla, scella le destin de l’artiste peintre. Devenue sa galeriste et confidente, elle exposa dans sa galerie genevoise les peintures de celui qu’elle surnomme son héros. Jacques Coulais, filmé dans son atelier parmi ses œuvres, aimait parler de son art, de ses figures qu’il créait autour du carré, une figure archétypale qu’il associait au sacré, à la puissance. « Le travail de l’artiste est un vrai bonheur. Ce n’est pas donné à tout le monde de faire de la peinture pendant 30 ans. Il faut en profiter ! » affirmait-il.

Les personnes handicapées nous montrent comment développer des systèmes d’adaptation. Jacques Coulais que je n’ai jamais vu se plaindre, nous montre par sa vie que l’on peut être tétraplégique et trouver la joie dans la peinture. Libre, Jacques Coulais l’a été toute sa vie en créant sans répit, en dépit de ce corps qui l’enfermait et qui l’immobilisait. Il a su inventer une autre manière de peindre. Tout semble possible, quand on le désire vraiment….

JacquesCoulais-art

Article rédigé par Cécile Tardieu, qui anime le magazine « Chemin vers l’Insertion »

Rencontre autour du bleu

« 50 nuances de bleu – Jacques Boesch » avec Jacques Coulais et AMI, Maya Kaadan, Maro Michalakakos, Marin Raguz, Julien Serve, Éric Winarto, Analix Forever, 10 rue du Gothard, 1225 Chêne-Bourg, à partir du 7 juillet.

Le Genevois Jacques Bœsch connait parfaitement la couleur bleue : celle du Léman comme des Éditions du Scorpion bleu où il a publié tous ses livres. Responsable pendant des années des affaires culturelles des Hôpitaux Universitaires de Genève il a participé à l’organisation d’événements artistiques et culturels. Il a été en outre un parlementaire éclairé intervenant plus partculièrement dans les domaines de la création plastique.

Boesch.png

Comme le prouve “50 nuances de bleu” il s’intéresse particulièrement à la photographie et aux arts. Il fut d’ailleurs directeur artistique du département Photographie et illustration de la Fondation Saint-Gervais Genève et a présidé l’Association suisse des institutions pour la photographie. D’où la qualité des oeuvres retenues pour cette exposition où le bleu qui ne représenterait presque rien devient une présence, un souffle, une tonalité, de l’énergie mise en mouvement

Winarto.pngSe retrouve entre autre le travail d’Eric Winarto qui après avoir vécu en Indonésie et Turquie vit désormais à Genève et Montreux. Il travaille avec de la peinture fluorescente. Elle ne se dévoile que dans l’obscurité. Activé par la lumière noire ses peinture blanches créent une nuit marine de légende et de mystère optique. De Jacques Coulais, de son chemin si particulier de sa technique “obligée”, Barbara Polla montre les dessins bleus, les dernières oeuvres qu’il a créées pour elle après une conversation de fin de vie autour du bleu. Et il a fait ces travaux sur papier, avec les roues de sa chaise roulante, malgré son épuisement. Comme des dessins japonais. “Une sorte de paradis de légèreté : les traces des roues semblent des plumes” écrit la galeriste. Et Jacques Boesch donne ainsi à voir les oeuvres qu’il aime et qu’il sait défendre. Il ne se contente jamais du tout venant mais opte pour des projets expérimentaux d’exigence.

Jean-Paul Gavard-Perret

La cathédrale vers vous s’avance

Extrait de Victoire

… un jour où Rouen fut invité à l’Université Amiens pour un cycle de conférences, Louise me demanda d’aller revoir la cathédrale d’Amiens. Elle me parlait de l’évêque bâtisseur, Evrard de Fouilloy, des architectes, Robert de Luzarches, Thomas de Cromont, des tailleurs de pierre. Elle me fit même lire «Cathédrales pierres vivantes» de Roland Cluny, un écrivain dit religieux, publié au début des années 50, un livre qu’elle avait trouvé au Thé Majuscule, minuscule librairie-salon de thé à l’ombre de la cathédrale de Rouen. D’Amiens, Cluny dit que ses pierres sont vivantes «pour la raison péremptoire que votre âme en fournit le grain». L’âme de Louise? Une illusion vitale. Au nord, sur le portail de Saint Firmin – venu d’Espagne et traversant la Gaule du IVème siècle pour avoir finalement la tête tranchée à Amiens – les douze signes du zodiaque sont incarnés par l’amiénois: en décembre, sous le Capricorne, il tue son cochon gras; en mars il bêche sa vigne, en avril chasse le faucon, en mai s’assied près des églantiers en fleurs, puis viennent à la ronde la fenaison, la moisson, la cueillette, les vendanges, les semailles. Le porche central, lui, est livré aux vertus et aux vices. Aux vices surtout, plus inspirants: une femme frappe violemment de son pied le ventre de son échanson, le moine apostat jette son froc aux orties, la folie dévore une pierre, un lièvre met en fuite un chevalier…  Au sud, buisson ardent, toison de Gédéon, verge d’Aaron, fuite en Egypte. Tout un peuple de pierre. Avec plantes, animaux, anges, hôtes de la terre, nuages oiseaux reptiles séraphins démons élus damnés têtes couronnées auréolées mitrées, la cathédrale vers vous s’avance.

Pour écouter Victoire, lu par son auteure…

© Ornela Vorpsi

« Barbara Polla a écrit ici un roman de la possession. Raconter une histoire, c’est prendre sur les personnages un pouvoir sans limites. La vraie possession en l’occurence n’est pas physique ou mentale, elle est dans l’écriture qui refaçonne les âmes, décide des destins, élève ou rabaisse. Pour le lecteur, en revanche, quel plaisir de se sentir ainsi possédé de son plein gré ! » Pascal Bruckner

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Jacques Coulais 2017

« Il faut parler aux morts, et leur écrire, aussi. »

(Vingt-cinq os plus l’Astragale)

Cher Jacques,

Une nouvelle année commence, et toujours nous pensons à toi et nous aimons à toi.

Bientôt sur ton blog, la vidéo de la lecture-performance que nous avons faite, Jean-Philippe Rossignol et moi, à Lausanne, au Cran littéraire, avec toi.

Tu verras. Et les rares peintures de toi que tu m’as offertes, je vais les montrer dans l’exposition AMI et autres ami/e/s qui ouvre le 19 janvier à Genève, dans l’atelier d’AMI.

Elle t’aimait beaucoup…

À très vite, pour la suite

Baisers bleus

Barbara

AMI et Jacques, entre peintres, Analix Forever, Genève en avril 2011

AMI et Jacques, entre peintres, Analix Forever, Genève en avril 2011